GRATEFUL DEAD STORY I/... : 3,2 millions de $ pour une guitare ayant appartenu à Jerry Garcia
Jerry Garcia, disparu en 1995 à l'âge de 53 ans, fut le leader charismatique, le guitariste soliste et le chanteur principal d'un des plus grands groupes rock de la planète (le plus grand pour beaucoup), le Grateful Dead. Groupe mythique californien, aboutissement du son et du propos philosophique, voire spirituel de cette musique, où se mêlent avec un bonheur rare rock, blues, folk et psychédélique. Les « gourous » d’une génération, fut-il dit en son temps par des journalistes en mal d’étiquetage percutant.
Détail qui situe : nul autre groupe n'a dépassé à ce jour le nombre de 1.200 haut-parleurs disposés en un mur de 10 mètres de haut derrière eux. Mais c'est leur musique qui fit leur réputation, et non ce dispositif hallucinant qui évoquerait plutôt le délire hard-rockesque dont ils sont tant éloignés : le Grateful Dead n’eut pas à masquer un talent primaire sous la débauche sonore, celle-ci leur fut plutôt imposée par le désir de satisfaire les oreilles les plus éloignées sur des aires de concert gigantesques.
Groupe que l'auteur de ce blog n'a pas eu la chance de voir en concert. Regrets éternels.
Reste heureusement un nombre considérable d'albums live. Et quelques vidéos dont on regrette la médiocrité.
Les concerts légendaires du Grateful Dead, souvent gratuits, s'étiraient généralement sur une durée de 3 à 4 heures. Le Live de 1977 "Cornell 8/5/1977", paru 40 ans après, en 2017, est un des plus remarquables, le groupe étant alors à l'apogée de son art et très inspiré (fait rare dans le rock, l’improvisation avait une part majeure dans leur musique de scène). Il est probable qu'en 1977 les perspectives de vendre un tel coffret (de 5 microsillons 33 t.) à des fans peu fortunés ont dû paraître trop incertaines. Le coffret de 3 CD - à prix réduit - est toujours disponible. « Europe 72 » qui ne lui cède en rien, également.
Le groupe, connu pour ses deux batteurs capables d’interminables duos sur scène, pouvait soutenir les longues improvisations de leur leader dans des envolées imprévisibles, que seul le "live" est capable de restituer. Et d'immortaliser. Merci Jerry, merci le Dead de nous avoir laissé ces enregistrements.
Cette introduction pour évoquer une des guitares de Jerry Garcia, le second de ses instruments vus à la scène semble-t-il, qui s'est vendu au prix astronomique de 3,2 millions de dollars. Rappelons que le prix moyen des meilleurs violons Stradivarius avoisine 1,5 million de dollars, avec une pointe enregistrée à 3,5 millions unique et jamais revue.
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Mais, laissons "Le Figaro" nous relater cet évènement, non sans en avoir vu l'objet :
Texte du Figaro du 01/06/2017
Une guitare ayant appartenu à Jerry Garcia, légendaire leader du groupe américain Grateful Dead, s'est arrachée aux enchères à 3,2 millions de dollars mercredi soir 31 mai, lors d'une vente organisée au profit d'une association de surveillance de l'extrême droite et d'aides aux victimes des suprématistes blancs.
Cet instrument, fait sur mesure et connu sous le nom de «Wolf», est le second possédé par le musicien. Toutes les guitares de Jerry Garcia portaient un nom très imagé. Sa première Fender s'appelait «Alligator», allusion probable au long morceau éponyme d’« Anthem of the sun », second album du groupe (1968). Vint ensuite la fameuse «Wolf», puis «Tiger», «Rosebud» et «Lighting Bolt».
Un aigle est gravé sur sa tête, logo choisi par le luthier Doug Irwin. Elle porte également sous son chevalet un dessin incrusté de loup façon cartoon qui donne son nom à la guitare. Celui-ci reprend le modèle d'un autocollant que Jerry Garcia avait collé sur sa première guitare. «Wolf» a accompagné Garcia pendant ses concerts jusqu'en 1993, deux ans avant la mort de son propriétaire.
«Elle n'a pas de prix»
Ce n'est pas la première fois que l'instrument change de main aux enchères. Lors d'un concert de bienfaisance à New York, Brian Halligan, président et cofondateur de la firme de marketing HubSpot, a acquis «Wolf» pour 1,6 million de dollars, plus les frais d'environ 300.000 dollars. Il a ensuite remis la guitare aux enchères pour recueillir de l'argent à l'intention du Southern Poverty Law Center. Ce groupe basé en Alabama mène des batailles juridiques contre les suprématistes blancs et d'autres groupes extrémistes.
Brian Halligan fait partie des Deadheads, ces fans inconditionnels des Grateful Dead qui suivaient le groupe au fil de ses concerts, vivant ces immenses shows comme une expérience communautaire. Après la vacation de mercredi soir, il a déclaré à l'AFP: «Je ne prévois pas de la vendre ou de l'échanger. Elle n'a pas de prix.»
Une association anonyme a alors égalé le prix qu'avait payé Brian Halligan - 1,6 million de dollars-, ce qui a porté à 3,2 millions de dollars au total la donation destinée au Southern Poverty Law Center. Le charismatique chanteur aurait certainement été «grateful» (reconnaissant) qu'une de ses reliques serve une telle cause.
Autres images de "Wolf"
Privé jeune de deux phalanges du majeur droit en fendant du bois...
Deux autres guitares non moins célèbres, "Tiger" et "Eagle" :
Jerry le dos au mur
De dos, les deux batteurs Mickey Hart (au centre) et Bill Kreutzman (à droite)
Jerry Garcia, Bob Weir (guitare rythmique), Phil Lesh (basse)
Jerry Garcia & Bob Weir
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SI VOUS DEVIEZ LIRE CETTE VIDÉO :
Envie de jouer, cohésion et enthousiasme musical n'y sont pas présents à chaque instant, de même que prise de son et balance y seraient perfectibles. Malgré ceci, on pourra se faire une idée de la musique du groupe - avant peut-être d'avoir recours à leur oeuvre "officilelle" enregistrée. (Une discographie sélective et critique constitue le sujet de l'article "GRATEFUL DEAD STORY II/II).
Grateful Dead en concert (2 Juillet 1989, durée 2 h 40)
À suivre : GRATEFUL DEAD STORY II/... discographie sélective.
JCP, 25/03/2021